Devenir parent extraordinaire

Un enfant extraordinaire qui lit un livre avec un style numériseur de lecture

Écrit par Cécile Martignac

3 Mar, 2022

Un enfant extraordinaire qui lit un livre avec un style numériseur de lecture

8 années de parentalité extraordinaire, ça offre l’opportunité de réfléchir à deux ou trois choses…. Au départ j’ai vécu dans l’idée que seuls les thérapeutes détenaient le pouvoir magique, celui de faire progresser mon enfant tandis que mon pouvoir de parent se limitait à être en capacité de l’accompagner de consultations en consultations, d’appliquer religieusement les recommandations, d’assurer son assiduité et de faire le lien entre tous. C’était au début. C’était déjà pas mal et peut-être finalement plus facile : mes responsabilités étaient limitées.

Avec le temps, les heures passées dans les salles d’attente, les dizaines d’ouvrages feuilletés, les multiples échanges avec les professionnels et surtout les heures passées auprès de mes enfants extraordinaires… j’ai été contrainte de me rendre à l’évidence : j’avais finalement un pouvoir , celui de faire la différence. Après tout, au-delà des 3 ou 4 heures de prise en charge hebdomadaire et des heures passées à l’école, le reste de la Vie nous la passions ensemble. Ce temps partagé était placé sous notre responsabilité, nous parents.

Depuis la création de la Meex et après trois années à observer les autres parents, les autres enfants, à échanger et partager avec eux inquiétudes et bonnes idées, je me suis posée la question suivante : qu’est ce qui sépare le parent ordinaire du parent extraordinaire ? Quels sont les supers pouvoirs à notre portée ? Au-delà du « parent taxi », comment faire la différence ?

Bonne nouvelle, je crois que de supers pouvoirs sont à notre portée. Je vous en propose 7, vous aurez les vôtres. Je ne dis pas que j’y arrive tous les jours, parfois les Jedis aussi sont fatigués mais disons que c’est une charte avec moi-même. Certains d’entre eux sont liés et s’entraident naturellement.

# son sommeil tu protègeras : entre 6 et 12 ans, notre enfant a besoin de 10 à 11 heures de sommeil par nuit. Veiller sur son sommeil c’est l’aider à renforcer ses apprentissages, à mieux utiliser son raisonnement logique, à mieux gérer ses émotions ; à se concentrer davantage et plus longtemps, à renforcer son système immunitaire. Pour avoir une idée claire de la situation, souvenez-vous de votre dernière mauvaise nuit et de la journée de boulot qui a suivi, alors à vos polochons Citoyens !

# une alimentation équilibrée tu offriras : là je sais que l’on touche une question sensible dans toutes les familles, j’ai moi-même mis un certain temps à opérer quelques changements. Mais l’observation d’enfants (y compris les miens) dont les parents avaient modifié le régime a fini de me convaincre. D’abord ennemi numéro 1 : le sucre !!! ce sournois est partout et agit sur nos loulous comme une véritable drogue posant en passant toutes les bases utiles de l’addiction. Son impact sur le comportement, l’attention, l’humeur n’est plus à démontrer…. Il suffit de regarder les enfants à la fin d’une fête d’anniversaire pour s’en rendre compte. De façon pratique j’ai supprimé sodas, jus de fruit, les paquets de cookies au gouter et réhabilité les fruits en dessert, brut, en salade ou en smoothies. Ils râlent au début, parfois aussi certains adultes dont je tairai la qualité, mais ça passe. Je l’avoue il m’est arrivé d’étouffer des révoltes avec des bouquins.

# les écrans tu limiteras : je vous vois déjà lever les yeux au plafond mais tant pis j’en remets une couche c’est trop important. Une exposition massive (plus de 30 min par jour tous écrans confondus) et précoce freine le bon développement de leur cerveau : le travail de sape se fait : 1 ) directement en altérant la zone du cerveau consacrée à la vision avec notamment un impact sur leur capacité à se repérer dans le temps et dans l’espace 2) indirectement car cette exposition se fait au détriment d’autres activités « de la vraie vie » motrices, créatives, d’interactions sociales… Une petite charte familiale applicable aux petits et aux grands peut aider à se discipliner : on ressort les feutres et le papier, les jeux de Uno et on arrête d’avoir peur que notre enfant s’ennuie… l’ennui stimule l’imagination et la créativité et permet à l’enfant de trouver lui-même l’activité dont il a besoin sur le moment. Aux « maman, je m’ennuie », j’ai pendant un temps répondu « ah ok alors on range la chambre ou on fait des devoirs ? » …. Efficacité garantie 😊 mais n’oubliez pas que votre enfant vous imite alors soyez vigilants vous aussi.

# pour les activités physiques et les escapades nature tu opteras : oui je sais des fois on n’a qu’une seule envie c’est de ne rien faire, mais l’activité physique est vitale pour le développement de notre extra-terrestre. Et promis, après ça vous verrez tout le monde en aura bénéficié. On laisse les portables à la maison et on part traquer les fourmis, shooter dans la balle, promener le chien, chercher des cailloux à peindre ou à empiler, jouer à la balançoire, ramasser du bois pour le feu, faire du vélo, reconnaitre des fleurs ou des arbres avec un guide, grimper sur les rochers, sauter à cloche pied, courir et même tomber parfois L’activité physique est la clé pour une bonne santé, participe à la régulation de l’humeur (la votre aussi !), du tonus, de l’énergie… ; elle aide à la concentration ; elle fournit des bases sensorimotrices pour TOUS les apprentissages.

# les moments partagés tu chériras : dans notre vie à 200 à l’heure, difficile de trouver du temps pour soi et pour les autres. Pourtant construire des relations est essentiel pour tous les êtres humains et pour nos enfants en particulier. Être en relation c’est écouter ce que l’autre a à dire, échanger mutuellement sur sa journée, ses petits soucis et ses joies, construire un projet ensemble, lire une histoire, se faire des câlins, faire un jeu…. Cela peut être dans une salle d’attente, la file du supermarché, en marchant vers l’école, au moment des repas… Ces instants partagés & la relation avec notre enfant, nos enfants posent les bases des relations que l’on aura plus tard avec les autres ; elle laisse des traces pour la vie. J’ai une amie pourtant chef d’entreprise qui tous les soirs, avec son mari et son fils se font un câlin et partagent leur meilleur moment et leur mauvais moment de la journée avant d’aller dormir. Ils appellent ça les chodoudous et les froid-piquants. J’adore l’idée.

# confiance en toi tu auras : les débuts d’un parent extraordinaire sont éprouvants et le mot est faible. La culpabilité rode et s’immisce en toute chose, parfois aidée par les questions et les sous-entendus de certains professionnels. Son ami le découragement n’est généralement pas loin non plus et de là à penser que nous ne sommes pas à la hauteur de la situation, il n’y a qu’un pas. Halte là ! Une chose est sûre : la personne la mieux placée et la plus capable, c’est vous !!! pour accompagner votre enfant dans son développement, pour l’aimer, pour lui faire confiance, pour l’encourager, pour lui mettre des limites aussi parfois. Vous avez le pouvoir de prendre des conseils et d’en laisser d’autres, de suivre vos intuitions, de déplaire. Diplômée vous l’êtes depuis le jour où vous êtes devenu.e parent. Vous allez y arriver mais pour cela, il faut vous faire confiance et être tendre envers vous-même en cas d’erreur.  Yes you can !

# au présent tu vivras. Au début de ma parentalité extraordinaire, j’ai vécu de peurs concernant le futur : serait-il un jour indépendant ? allait il avoir besoin de moi toute sa vie ? irait-il à l’école, au collège ? aurait-il une vie affective ? Je me suis perdue à vivre au futur, à imaginer son avenir, à penser tous les possibles (et en général les pires !). J’en ai perdu mon sommeil, mon énergie, ma joie. Jusqu’au jour où j’ai compris que je pensais cet avenir avec les paramètres du présent… et que pendant ce temps je n’étais pas là… ni pour moi ni pour lui, ni pour eux. La peur n’est pas bonne conseillère. J’ai réalisé qu’un parent extraordinaire vivait au présent et que c’était comme ça qu’il était bon, qu’il avait toutes les chances de faire la différence. Finalement la meilleure façon de lui offrir un futur, c’est de vivre au présent, en lui faisant confiance et sans présager de ses progrès à venir.

Cécile Martignac, co-fondatrice et dirigeante de la Maison des Enfants Extraordinaires

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