Les enfants qui ont des particularités sensorielles ne l’expriment pas toujours avec ces mots-là.
Petits, ils l’expriment par leur comportement, et par leurs réponses émotionnelles. Celles-ci peuvent paraître disproportionnées à la situation, aux yeux de ceux qui les observent et qui ont du mal à les comprendre.
Leurs comportements peuvent paraître « désorganisés », irréguliers, décalés, ou encore mal modulés pour la situation du moment. Ils peuvent aussi se dégrader au fur et à mesure de la journée ou de l’activité.
La tolérance de ces enfants est toute petite.
Parce qu’ils s’adaptent mal aux contraintes du groupe ou du lieu ou de l’activité (repas, toilette, crèche, etc.).
Parce qu’ils perçoivent le monde à partir de leurs besoins et que ceux-ci prédominent ; moins ces besoins sont compris par les adultes, plus ils vont prendre de place, chercher à se faire entendre.
En grandissant, les enfants avec particularités sensorielles dépendent plus que les autres de leur environnement immédiat et quotidien. Leurs hypersensibilités et/ou leurs besoins en sensations peuvent envahir leur vie quotidienne et scolaire.
Quand les adultes qui les entourent comprennent ce qui s’exprime derrière ces comportements, et peuvent y poser des mots, les enfants grandissent avec d’avantage de sécurité.
Savoir que l’on est compris et accepté dans sa différence contribue à la construction de la confiance.
C’est pourquoi, avant même de penser à aménager un environnement, il est nécessaire d’apprendre à décoder les comportements perturbants ou décalés d’un enfant.
Il est également incontournable de connaître et poser des mots bienveillants, de s’ouvrir à ce que va exprimer l’enfant , notamment lorsqu’il tente de communiquer ses préférences et ses aversions.
C’est en écoutant et observant l’enfant que l’adulte -qu’il soit parent, grand-parent, éducateur, enseignant, soignant, ou thérapeute- va trouver la meilleure façon de l’accompagner.
C’est en créant un sentiment de sécurité et une relation de confiance mutuelle que l’enfant en difficulté trouvera des appuis pour explorer les apprentissages sociaux et scolaires.
C’est aussi le point de départ pour chercher ensemble des solutions.
Les parents :
la posture d'écoute
Pour faciliter sa posture d’écoute, le parent peut :
- se baisser à son niveau, écouter ce que l’enfant a à dire
- regarder l’enfant avant de parler
- moduler sa voix, faire des pauses entre chaque phrase
- adoucir son expression faciale, adopter un regard bienveillant, d’écoute
- lui prendre la main et la masser doucement
- dire « je comprends » avant de proposer une solution
l'accompagnement
Pour aider un enfant énervé à se calmer, se réorganiser, le parent peut:
- proposer un câlin très serré en ouvrant les bras, si l’enfant parait en avoir besoin (sans jamais l’imposer)
- montrer à l’enfant comment ralentir sa respiration
- lui proposer de sortir dehors
- lui proposer d’aller seul dans sa chambre
- baisser la lumière dans la pièce
- lui proposer d’aller dans son coin-cachette, petit et sécurisant
- lui tendre son jouet tactile ou texture préférée, son doudou
- lui proposer de sauter plusieurs fois, sur un trampoline, ou simplement sur le sol
- lui proposer de pousser ou tirer quelque chose de lourd
- lui proposer un massage
- lui proposer d’aller se balancer
- lui proposer de la musique douce
- lui proposer un verre d’eau
Toutes ces stratégies font appel à des stimuli sensoriels calmants :
- des sensations tactiles appréciées par l’enfant
- des mouvements lents et rythmés, berçant, apaisant
- de la proprioception pour moduler les autres sensations : objet lourds, tirer, pousser
- la diminution des stimuli visuels et auditifs qui « surchargent » l’enfant
A l’école, les contraintes du groupe et des demandes réduisent les possibilités, et nécessitent un peu d’imagination et de flexibilité pour accommoder les besoins, sans perturber le reste de la classe, et sans engendrer un stress supplémentaire pour l’enseignant.
Les enseignants qui ont fait le choix de s’ouvrir à cette approche et l’ont expérimenté ne reviendraient plus en arrière, tout simplement parce que tout le monde est gagnant : l’élève se sentant respecté et écouté dans ses particularités n’éprouve plus le besoin de les exprimer de façon inappropriée, et l’adulte peut sortir d’une posture d’ «autorité » et créer un lien plus riche avec l’élève.
Les enseignants :
la posture d'écoute
Pour faciliter sa posture d’écoute, l’enseignant.e peut :
- se placer à côté de l’enfant, le regarder tranquillement avant de parler
- moduler sa voix, faire des pauses entre chaque phrase pour s’assurer que celui-ci écoute et comprend
- adoucir son expression faciale, adopter un regard bienveillant
- se reculer, et surtout éviter de le toucher, si l’enfant est hypersensible
- écouter ce que l’enfant a à dire, sans le contredire
- lui signifier qu’on a compris ce qu’il avait à dire, que l’on en prend note
l'accompagnement
Pour aider un enfant énervé à se calmer, se réorganiser, l’enseignant.e peut :
- lui proposer de sortir dehors
- lui proposer d’aller dans le couloir ou un lieu plus calme, éloigné du regard des autres
- baisser la lumière dans la pièce si c’est possible, surtout s’il y a des néons
- lui proposer un objet tactile, « fidget toy », pâte à modeler
- lui proposer de dessiner, ou de lire, selon ses goûts
- lui proposer de sauter plusieurs fois
- lui proposer d’aller porter des livres à la bibliothèque, ou de distribuer quelque chose
- lui proposer un disque d’air sur sa chaise
- lui proposer d’effacer le tableau, ou une autre tâche motrice utile à la classe
- lui proposer d’aller boire un verre d’eau
- lui proposer de changer de place dans la classe
Là aussi, ces stratégies font appel à des stimuli sensoriels calmants :
- la diminution des stimuli visuels et auditifs qui « surchargent » l’enfant
- des sensations tactiles apaisantes
- des mouvements pour re-mobiliser le système vestibulaire qui « s’endort » lorsqu’on est longtemps assis sur une chaise avec l’interdiction de se balancer
- de la proprioception pour moduler les autres sensations: coussin lesté, transporter quelque chose de lourd, frotter des surfaces, aller sauter (à la corde , la marelle ou autre parcours)
- du visuel calmant restreint à une tâche simple
Toutes ces suggestions sont des pistes et en aucun cas des recettes,
car chaque enfant est unique dans ses particularités et ses besoins, que ceux-ci peuvent fluctuer d’un jour à l’autre et entre le matin et le soir, et qu’ils évoluent au fur et à mesure que l’enfant murit.
Il est donc conseillé de les essayer et d’observer lesquelles sont efficaces, et appréciées des uns et des autres.
Il est également conseillé de consulter un.e ergothérapeute qui, à la suite d’un bilan des difficultés de l’enfant, sera à même de proposer les aménagements les plus adaptés.
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– Vous voulez en savoir plus sur le sujet des particularités sensorielles ?
– Vous êtes parent, ou professionnel, et vous avez besoin d’en apprendre d’avantage sur ces enfants qui vous déroutent ?
– Certains comportements vous questionnent ?
– Ce ou ces enfants paraissent plus intenses, ou plus sensibles que les autres, et cela interfère avec la vie quotidienne ?
– Votre enfant est en souffrance à l’école, a du mal à s’adapter, ses apprentissages sont décalés, ou laborieux, ou frustrants ?
– Vous avez plusieurs enfants compliqués dans votre classe ?
– Vous souhaitez mieux les comprendre, et les accompagner avec bienveillance, logique, et un cadre structurant ?
– Vous avez le désir de monter en compétence ?
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